En photographie de nuit, comme en photographie de jour, le pilier d’une bonne photo est son exposition. L’exposition en photo désigne la quantité totale de lumière qui arrive sur votre capteur et qui est traduite électroniquement. Pour collecter suffisamment de lumière sur un cliché de nuit, il va falloir emmagasiner une quantité de lumière bien plus importante que de jour. Autrement dit, il va falloir ajuster plusieurs paramètres à la prise de vue pour que votre photo possède un niveau de luminosité correct pour être exploitable. Un cliché exploitable, c’est suffisamment « d’informations » dans les basses lumières (zones de la photo sombre : ombres, sol, fond de ciel) pour avoir du détails mais pas trop non plus pour ne pas « cramer » les hautes lumières (zones de la photo plus claires : lampadaires, phares, nuages, pollution lumineuse).
Le triangle d’exposition
Je vous parlait des paramètres de prise de vue plus haut, les voici ! On appelle cela le triangle d’exposition et comme le mot l’indique, il y’a 3 paramètres primordiaux pour faire une photographie de nuit réussie :
- La vitesse (durée de la photo)
- L’ouverture (quantité de lumière qui passe à travers le diaphragme de l’objectif)
- La sensibilité (ou ISO, l’amplification du signal électrique)
Maintenant, on connaît les points qui vont faire de votre photo une bonne photo. Voici quelques conseils qui vous aiderons à collecter suffisamment de lumière : baisser votre vitesse / ouvrez votre objectif au maximum ou presque / augmenter les ISO.
Les différents modes
Mais alors quel mode choisir lors des prises de vues de nuit ? Il est pas forcément nécessaire de choisir le mode Manuel de votre boîtier. Néanmoins, c’est le mode avec lequel vous aurez le plus de flexibilité. A vous de définir celui qui sera le plus adapté pour votre photo :
- Mode A : Priorité à l’ouverture. C’est avec ce mode que vous allez fixer votre diaphragme. Le reste est géré par l’appareil comme la vitesse d’obturation et même les ISO s’ils sont en automatique. Ce mode est utile pour fixer une profondeur de champ (flou, bokeh, netteté) ou de vouloir un effet de diffraction (point lumineux qui possède plusieurs aigrettes formant une sorte d’étoile).
- Mode S : Priorité à la vitesse. C’est avec ce mode que l’on fixe une vitesse d’obturation au capteur. L’appareil gère ensuite tout seul l’ouverture du diaphragme voire même les ISO afin de collecter assez de lumière. L’utilité de ce mode est de figer un sujet sans qu’il soit flou. Ou au contraire, vouloir donner du mouvement à la photo avec une longue exposition.
- Mode M : Mode manuel. Vous êtes le maître de l’appareil ! Dans ce mode, vous devez gérer vous même les 3 paramètres d’exposition. C’est celui dans lequel on privilégie les photos nocturnes car il nous laisse la main mise sur le ou les effets que l’on souhaite donner (ou non).
Conseils pratique pour réussir vos photos de nuit
Maintenant que vous connaissez les modes à utiliser selon le genre de cliché à faire, vous allez pratiquer un peu 🙂 Attention toutefois à quelques pièges à éviter la nuit !
Premièrement, privilégiez une mise au point manuelle. La nuit, la scène est souvent très sombre. Il est fort probable que l’appareil n’arrive pas à faire le focus en automatique. Si jamais l’autofocus est indispensable pour votre cliché, lors d’un shooting de portrait de nuit par exemple, veillez à ce que votre sujet soit suffisamment éclairé pour un fonctionnement optimal de l’AF.
Deuxièmement, portez particulièrement attention au flou sur vos clichés. En effet la nuit, en baissant la vitesse de l’obturateur, l’appareil devient sensible aux vibrations et au mouvement que vous faites. En général, on dit qu’en dessous de 1/60s le flou de bougé à main levé est quasiment inévitable. Pour palier à ça, vous pouvez activer la stabilisation du capteur et/ou de l’objectif pour grappiller quelques dixièmes de secondes. La solution idéale pour des poses encore plus longues, c’est le trépied ! Les possibilités avec un trépied sont alors quasi infini. Vous pouvez jouer avec le temps et la lumière. Pensez à désactiver tout système de stabilisation en utilisant un trépied : la stabilisation va avoir un effet néfaste sur la photo. Elle va chercher à compenser un mouvement qui n’existe pas et ainsi faire du flou pour rien.
Troisièmement, utilisez un flash ou une lampe torche pour exposer correctement votre scène. Cela vous aidera à augmenter un peu votre vitesse pour éviter le flou et collecter assez de lumière.
Un peu de pratique !
Je vous propose de faire quelques tests en allant sur le terrain de nuit.
1. Le flou de mouvement
Nous allons faire une pose de quelques secondes pour avoir un flou de mouvement (traînée lumineuse de phares, mouvement de nuages, etc…). Libre à vous de choisir ce qui vous plaît. Il va falloir que votre appareil ne bouge pas d’un poil ! Pour cela, utilisez un trépied, passez la vitesse entre 5s et 30s de pose, fermez légèrement votre diaphragme pour avoir une mise au point correcte sur plusieurs dizaines de mètres et enfin ajuster les ISO.
L’exemple ci-dessous sur un pont d’autoroute, 30 secs de pose, f/16 et ISO 800 avec trépied.
2. La Voie Lactée
Faire une photo de notre galaxie n’est pas chose aisé, on va voir cela dans cet exercice ! Tout d’abord, il est important d’avoir de très bonnes conditions météorologiques. Pas de nuages, peu d’humidité dans l’air, une nuit noire et surtout au plus loin de la pollution lumineuse. Ensuite, munissez-vous de votre objectif à plus grande ouverture possible (entre f/1.4 et f/4 dans l’idéal). Posez votre trépied et cadrez le sud pour avoir le bulbe central de la Voie Lactée. Ouvrez le diaphragme de l’objectif à fond, montez les ISO généreusement et ne dépassez pas quelques secondes de poses. Attention à la mise au point qui doit être très précise à grande ouverture.
L’exemple ci-dessous depuis la Sicile, 15 secs de pose, f/2.8 et ISO 3200 avec trépied.
3. Le lightpainting
Ce dernier exercice est probablement le plus complexe mais qui laisse place à toute créativité. Le lightpainting consiste à faire une peinture avec n’importe quelle source lumineuse en pose longue. Ici, il va falloir faire un savant mélange pour bien exposer la lumière et le décor. Je laisse libre cours à votre imagination pour choisir votre source de lumière. Cela peut très bien être : une lampe de poche, un briquet ou encore un flash de téléphone. Mettez de la couleur dans votre composition et n’oubliez pas le facteur « fun » de cet exercice. Il y aura forcément des ratés au début. Ne lâchez pas, et recommencez jusqu’à avoir un rendu satisfaisant. Faites des formes abstraites, des dessins, du lettrage, votre seule limite est votre imagination. Si vous possédez une télécommande sans-fil, utilisez-là ! Elle sera extrêmement utile pour stop votre pose quand votre dessin est terminé.
L’exemple ci-dessous une lance à incendie en lightpainting avec un vieux camion pompier, 13 secs de pose, f/5.6 et ISO 1250 avec trépied.
Encore quelques astuces pour la photographie de nuit
L’un des moments privilégié pour la photographie nocturne s’appelle l’heure bleue. C’est le moment ou l’on est entre jour et nuit. En effet, lorsque le soleil s’est couché et se trouve suffisamment sous l’horizon, le ciel s’obscurci pour virer au bleu foncé. L’heure bleue intervient d’ailleurs 2 fois dans la journée : à l’aurore et au crépuscule. On dit généralement que cela se produit 30 minutes avant le levé et après le couché du soleil. Tout dépend également de la saison : en été, l’heure bleue durera plus longtemps, mais l’hiver, cette ambiance disparait très vite.
Enfin, réglez votre balance des blancs pour avoir les couleurs désirées. Vous pouvez le plus souvent la laisser en automatique, les appareils modernes se débrouillent assez bien. En ville, l’éclairage public est bien souvent orangé, il est donc préférable de tirer un peu plus vers le bleu pour compenser cela. Au contraire à la campagne et loin des villes, le ciel va paraître très bleuté. Préférez donc une balance des blancs un peu plus « chaude » pour avoir les tons au plus proches du noir/gris.
Voilà, il ne vous reste plus qu’à pratiquer encore et encore pour acquérir de l’expérience et connaître les limites de votre boîtier. Peaufiner les réglages au fur et à mesure de vos clichés, vous obtiendrez le résultat espéré avec de la persévérance !
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